CHAPITRE I . BRODERIE
Sindhi Muslim
Une partie de la vie des femmes du désert, un indice des compétences et du statut.
LES SINDH SIPAHI
Les Sindh Sipahi sont divisés en plusieurs tribus qui ont une origine commune avec les tribus pakistanaises Sindhi Rajput.
Cette communauté consiste aujourd’hui principalement d’agriculteurs sédentaires bien que beaucoup sont encore des bergers. De nombreux villages leur appartenant sont situés dans le désert du Thar (la frontière naturelle entre l’Inde et le Pakistan), et sont concernés par les changements climatiques et environnementaux.
A l’origine des migrants pakistanais, ces hindoustani se sont établi dans des villages bordant la frontière avec l’Inde. Des éleveurs de bétail et agriculteurs, ils ont par la suite et avec l’aide du gouvernement indien obtenu l’usage de terres agricoles.
UN ART FEMININ
Alors que les hommes s’en vont aux champs, les femmes sont occupées aux diverses tâches ménagères, à s’occuper des enfants et à aider parfois avec l’agriculture. Elles ont appris très jeunes ce mode de vie étant donné que l’âge moyen du marriage est établi à 18 ans, parfois même plus tôt... Elles vivent dans des familles nucléaires - une maison moyenne contient 7 à 8 membres incluant environ 3 ou 4 enfants.
Durant les mois de mars et avril ainsi qu’octobre et novembre, qui apportent chaque année la saison des récoltes et des festivals, la journée d’une femme typique débute à 4 heures du matin et se finit à 10 heures du soir. Néanmoins, elles trouvent le temps pour s’atteler à la broderie.
UNE TRADITION, UNE EXPRESSION
La broderie faite-main fait partie intégrante de la vie de ces gens du désert et s’emploie en tant qu’habit de tous les jours ou également d’une marque de leurs savoirs-faire, par exemple durant les mariages. Chaque cadeau fait au jeune marié est brodé à la main, même des objets inimaginables tels que l’argent, les bidi (cigarette fine ou petit cigar fait de tabac, enroulé dans une feuille végétale et attaché par un fil à l’extrémité) etc... sont disposés aux côtés d’une pièce brodée!
Plusieurs types de broderie sont pratiqués. Selon eux, la broderie est une expression, une raison de s’asseoir côte à côte, et un moyen pour la transmission des mémoires des mères envers leurs filles autant que de la fierté. Ce sont des gens enracinés culturellement.
Des pratiques anciennes sont toujours utilisées, mis à part celles qui ont perdu leur pertinence due à la mondialisation.
MUKKA: UN SIGNE DU STATUT
Mukke ka kaam, une technique particulière de broderie, utilise des fils d’or et d’argent pour réaliser leurs tissu et les rendre plus attractifs.
Le Mukke est le nom local pour " l’or métallique" ou le "fil d’argent" qui est enroulé autour d’un coeur de tissu en coton. Ce style est surtout utilisé sur la ceinture Thar du Rajasthan (Inde), principalement parmi les communautés musulmanes Sindhi et Meghwal.
La broderie métallique Mukka est intimement liée aux traditions des musulmans Sindhi et pour le marriage et la dot. Il est requis pour chaque femme mariée d’apporter sept ou huit robes brodées, des objets divers dont plusieurs draps.
Les artisans du Rajasthan dessinent à la main les motifs du Mukka sur le tissu et utilisent un fil noir pour les contours. Un miroir est attaché au centre du motif et le Mukka vient l’entourer. Le travail du Mukka au Rajasthan est combiné à d’autres styles de broderie qui servent à remplir le tissu de fond.
Le résultat final est d’une richesse et d’une couleur somptueuse avec des formes géométriques particulières. Des dessins en zig-zag, des étoiles et des triangles sont souvent les formes utilisées.
Le Mukke ka kaam se retrouve la plupart du temps sur des kanchlis, des suspensions murales ou des sacs à main.
Le Mukka est un signe de statut et de titre pour une femme musulmane de la région de Jaisalmer (Rajasthan; Inde). C’est une symbole du statut religieux que les femmes en âge de procréer doivent porter.